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Dan Dubeau a été commissaire intérimaire de juin 2017 à avril 2018. Il a passé plus de 34 ans à la GRC et en 2001, il a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et la Médaille d'ancienneté de la GRC. Dans ce sixième entretien de notre série consacrée aux anciens commissaires de la GRC, Meagan Massad, rédactrice à la Gazette, a écouté M. Dubeau parler des défis et gratifications de sa longue carrière.
Qu'est-ce qui vous a attiré à la GRC?
J'ai grandi dans une petite localité de l'Alberta où la GRC était le service de police territorialement compétent. Des policiers de la GRC venaient nous parler de leur travail dans nos cours de droit au secondaire. Ils insistaient souvent sur l'esprit de corps, sur le fait qu'à la GRC chacun peut compter sur l'autre. J'étais impressionné par leur prestance et à ma sortie de l'université, en 1982, j'ai décidé de postuler. Lorsque je suis arrivé à la Division Dépôt, nous n'étions que 23 dans ma troupe et 50 cadets en tout. Je peux vous dire qu'on nous avait à l'œil. Le moindre écart nous valait un rappel à l'ordre!
Quel a été votre premier lieu d'affectation?
J'en ai eu deux en fait. Lorsque j'ai terminé ma formation en 1985, il y a eu l'attentat terroriste contre l'ambassade de Turquie à Ottawa. Le gouvernement a alors mis le paquet sur la Police de protection en envoyant tous les finissants comme moi à Ottawa. Je devais être affecté en Saskatchewan, mais j'ai fini par passer neuf mois à Ottawa à protéger les ambassades et à apprendre à déjouer les menaces terroristes. Après Ottawa, on m'a affecté à Swift Current (Saskatchewan) où j'ai passé environ quatre ans dans les services de police de première ligne.
Avez-vous vécu des situations difficiles sur le terrain?
À la fin des années 1980, j'ai fait partie du Groupe de la patrouille antidrogue au centre-ville de Toronto. J'étais un agent d'infiltration à la Section antidrogue et à la lutte antidrogue. La drogue était omniprésente, la cocaïne arrivant en grande quantité de Colombie et l'héroïne de Thaïlande. Notre tâche consistait à remonter la filière jusqu'aux fournisseurs.
C'était désolant de voir toute cette drogue s'infiltrer partout dans la ville. Nous croisions des toxicomanes qui avaient contracté le VIH et à qui il ne restait plus longtemps à vivre. Leur vie était brisée.
Comment composiez-vous avec cette réalité?
Je me répétais que si nous ne pouvions pas faire grand-chose pour les toxicomanes, notre travail était utile à un plus large niveau. En remontant la filière jusqu'à sa source, nous pouvions empêcher la drogue d'arriver à Toronto et de se répandre dans la ville.
Parlons de votre rôle de commissaire intérimaire. Quelles difficultés avez-vous rencontrées au sommet de la hiérarchie?
Lorsqu'un commissaire s'en va, la Terre ne s'arrête pas de tourner. Nous devions poursuivre les chantiers lancés par mon prédécesseur, le commissaire Paulson, mais je ne voulais pas pour autant prendre de décisions importantes susceptibles de gêner son successeur en titre.
Nous avions beaucoup de cas de harcèlement, le vérificateur général avait examiné et commenté notre Stratégie en matière de santé mentale et l'organisation était en cours de syndicalisation. Nous devions prendre des décisions pour nos membres et apprendre à collaborer avec les syndicats.
De nombreux membres du personnel ont accepté d'occuper des postes à titre intérimaire sans avoir l'assurance d'être promus. C'est grâce à eux que j'ai pu faire avancer les choses.
Dans quels domaines trouvez-vous que la GRC a évolué ces dernières années?
L'organisation est plus attentive envers son personnel et fait preuve de transparence. Je félicite le commissaire Paulson d'avoir mis en œuvre une stratégie en matière de santé mentale. Lorsque j'étais jeune policier, personne ne parlait des problèmes de santé mentale. Je n'ai jamais pris de congé de santé mentale, même lorsque j'étais témoin d'événements traumatisants. C'est bon de constater que notre culture change sur ce plan.
Que diriez-vous aux futures recrues qui s'apprêtent à faire carrière à la GRC?
Le métier de policier est une vocation; c'est aussi une immense responsabilité. Même s'il n'est pas fait pour tout le monde, c'est un métier qui peut être extrêmement gratifiant. Durant ma longue carrière, j'ai constaté combien le personnel de la GRC se soucie d'autrui. Policiers et civils, tous ont à cœur de changer les choses. Et il y aura toujours de la place pour les personnes animées de bonne volonté et prêtes à donner le meilleur d'elles-mêmes, jour après jour.