Après la LCF, une seconde carrière à la GRC
Par Rheanna Philipp
5 septembre 2024
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Entretien avec Judson Mayes
Le caporal à la retraite Judson Mayes n'avait jamais pensé que son amour du sport l'amènerait à devenir joueur de football professionnel. Or, après 3 ans dans la Ligue canadienne de football (LCF), un autre changement de cap inattendu l'a vu troquer son casque de football contre un uniforme de la GRC. Rheanna Philipp, rédactrice pour la Gazette, s'est entretenue avec lui pour parler de ses années dans la LCF, de la façon dont cette expérience l'a préparé à devenir un excellent policier et des défis qu'il a affrontés en cours de route.
- Pendant combien de temps avez-vous travaillé à la GRC?
- 15 ans! J'ai pris ma retraite en 2016.
- Aviez-vous toujours voulu devenir policier?
- Le métier de policier m'avait toujours intéressé. Il est même écrit dans un de mes albums du secondaire que je voulais devenir un agent du Service de police d'Edmonton. J'ai toutefois dû mettre une croix là-dessus à cause de problèmes de vision qui nécessitaient une intervention chirurgicale.
- Pourquoi avez-vous décidé de faire le saut vers le sport professionnel?
- Enfant, je pratiquais plusieurs sports, dont le baseball, le football et l'athlétisme. Au secondaire, j'ai remporté des médailles avec l'équipe d'athlétisme, j'ai été recruté par l'équipe du club olympique d'Edmonton et je suis devenu un champion canadien. C'est pendant mes études à l'Université de l'État de l'Idaho à Boise que j'ai trouvé ma place comme demi défensif de l'équipe de football.
- En 1980, vous avez été repêché par les Stampeders de Calgary. Comment vous êtes-vous senti à la perspective de faire partie d'une équipe professionnelle?
- Le jour où j'ai pris la route en direction de Calgary, le mont St. Helens a fait éruption. Les cendres volcaniques m'ont retardé de quelques jours, mais j'ai fini par me rendre à destination, tout excité de signer mon contrat et de toucher un salaire.
- Votre carrière à la LCF n'a duré que trois ans. Dites-m'en plus.
- Le camp d'entraînement s'est déroulé à merveille, j'ai participé à quelques matchs d'avant-saison, mais il ne faut pas oublier que le sport est une entreprise. À un moment donné, on m'a appelé au beau milieu de la nuit pour m'annoncer que je serais échangé aux Roughriders de la Saskatchewan. Je me suis dit que je pouvais m'y faire tant qu'une autre équipe me prenait. Puis en 1983, alors que je m'entraînais avec les Lions de la Colombie-Britannique, j'ai été libéré.
- Alors, qu'est-ce qui vous a poussé à entreprendre une seconde carrière à la GRC?
- Mon rêve d'entrer dans la police ne m'avait jamais quitté. Un jour, j'ai rencontré un agent de la GRC et je me suis dit : « C'est génial, je pourrais faire comme lui. » J'ai donc posé ma candidature pour devenir policier auxiliaire de la GRC. J'ai exercé cette fonction à Spruce Grove pendant huit ans, puis en 2000, j'ai décroché un poste à temps plein comme membre de la GRC.
- Les choses ont changé depuis ce temps-là, mais pouvez-vous me parler des difficultés que vous avez éprouvées à devenir policier et à gravir les échelons en tant que membre d'une minorité visible?
-
Le fait d'être issu de la diversité, je suppose. Je ne m'en faisais pas. Mes parents m'avaient appris à ne pas me laisser imposer cette étiquette, mais à en être conscient.
J'en ai même tiré profit. Quand j'ai été affecté à la communauté autochtone de Tsay Keh Dene, la couleur de ma peau m'a ouvert des portes, m'a aidé à briser la glace avec certains des aînés et m'a permis d'être un modèle auquel pouvaient s'identifier les membres de la communauté qui souhaitaient entrer à la Gendarmerie.
- Est-ce que les compétences que vous avez acquises comme footballeur vous ont été utiles dans votre travail de policier?
- Le football est un sport très exigeant sur le plan physique, qui peut aussi être stressant par moments. Je crois que la discipline que j'ai acquise grâce au jeu et à l'encadrement de différents entraîneurs m'a aidé dans mes fonctions policières. Le sport m'a aussi permis de développer mon souci du détail et de maintenir ma santé tant physique que mentale.
- Pouvez-vous me raconter quelques moments forts de votre carrière à la GRC?
-
Quand je suis devenu agent de la GRC à temps plein, j'ai été choisi pour faire partie d'une équipe antidrogue au Détachement de Stony Plain. Nous étions quatre : trois hommes et une femme, tous avec un bagage différent. C'était un groupe formidable qui voulait changer les choses dans le comté de Parkland.
Nous avons retroussé nos manches, saisi beaucoup de drogue et apporté bien des améliorations. Nous avions du plaisir ensemble, mais nous trimions dur.
Un autre moment fort a été celui où j'ai obtenu des billets pour un match de la LCF en tant qu'ancien joueur des Roughriders de la Saskatchewan. Comme j'étais à la Division Dépôt à l'époque, j'ai invité 23 de mes camarades de troupe et formateurs à partager cette occasion mémorable avec moi. J'ai aussi pu soutenir les opérations policières lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver. Ces deux situations m'ont donné le sentiment de boucler la boucle.
- Que diriez-vous à quelqu'un qui songe à faire carrière dans le milieu policier?
-
Si vous cherchez un travail varié et que vous êtes ouvert à une vie à la fois trépidante et enrichissante, c'est peut-être le métier qui vous convient. Je crois fermement que ce n'est pas un simple emploi, mais une vocation.
Si vous êtes animé du désir d'aider les autres et de résoudre des problèmes, le travail policier sera une expérience des plus révélatrices pour vous. Il vous fera tantôt rire, tantôt pleurer, mais au bout du compte, il vous offrira une occasion extraordinaire de vous épanouir de diverses façons. Si vous envisagez d'entrer à la Gendarmerie, allez-y la tête haute et les yeux grands ouverts, dans la volonté de servir.