Gendarmerie royale du Canada

Après la LCF, une seconde carrière à la GRC

Par Rheanna Philipp

Carrières

Judson Mayes et une autre policière de la GRC portent la Coupe Grey de la LCF sur le terrain lors d'un match en 2002.
Image par Judson Mayes (fournies par)

5 septembre 2024

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Entretien avec Judson Mayes

Le caporal à la retraite Judson Mayes n'avait jamais pensé que son amour du sport l'amènerait à devenir joueur de football professionnel. Or, après 3 ans dans la Ligue canadienne de football (LCF), un autre changement de cap inattendu l'a vu troquer son casque de football contre un uniforme de la GRC. Rheanna Philipp, rédactrice pour la Gazette, s'est entretenue avec lui pour parler de ses années dans la LCF, de la façon dont cette expérience l'a préparé à devenir un excellent policier et des défis qu'il a affrontés en cours de route.

Pendant combien de temps avez-vous travaillé à la GRC?
15 ans! J'ai pris ma retraite en 2016.
Aviez-vous toujours voulu devenir policier?
Le métier de policier m'avait toujours intéressé. Il est même écrit dans un de mes albums du secondaire que je voulais devenir un agent du Service de police d'Edmonton. J'ai toutefois dû mettre une croix là-dessus à cause de problèmes de vision qui nécessitaient une intervention chirurgicale.
Pourquoi avez-vous décidé de faire le saut vers le sport professionnel?
Enfant, je pratiquais plusieurs sports, dont le baseball, le football et l'athlétisme. Au secondaire, j'ai remporté des médailles avec l'équipe d'athlétisme, j'ai été recruté par l'équipe du club olympique d'Edmonton et je suis devenu un champion canadien. C'est pendant mes études à l'Université de l'État de l'Idaho à Boise que j'ai trouvé ma place comme demi défensif de l'équipe de football.
En 1980, vous avez été repêché par les Stampeders de Calgary. Comment vous êtes-vous senti à la perspective de faire partie d'une équipe professionnelle?
Le jour où j'ai pris la route en direction de Calgary, le mont St. Helens a fait éruption. Les cendres volcaniques m'ont retardé de quelques jours, mais j'ai fini par me rendre à destination, tout excité de signer mon contrat et de toucher un salaire.
Votre carrière à la LCF n'a duré que trois ans. Dites-m'en plus.
Le camp d'entraînement s'est déroulé à merveille, j'ai participé à quelques matchs d'avant-saison, mais il ne faut pas oublier que le sport est une entreprise. À un moment donné, on m'a appelé au beau milieu de la nuit pour m'annoncer que je serais échangé aux Roughriders de la Saskatchewan. Je me suis dit que je pouvais m'y faire tant qu'une autre équipe me prenait. Puis en 1983, alors que je m'entraînais avec les Lions de la Colombie-Britannique, j'ai été libéré.
Judson Mayes a joué pour les Stampeders de Calgary et les Roughriders de la Saskatchewan et s'est entraîné avec les Lions de la Colombie-Britannique de 1980 à 1983.
Alors, qu'est-ce qui vous a poussé à entreprendre une seconde carrière à la GRC?
Mon rêve d'entrer dans la police ne m'avait jamais quitté. Un jour, j'ai rencontré un agent de la GRC et je me suis dit : « C'est génial, je pourrais faire comme lui. » J'ai donc posé ma candidature pour devenir policier auxiliaire de la GRC. J'ai exercé cette fonction à Spruce Grove pendant huit ans, puis en 2000, j'ai décroché un poste à temps plein comme membre de la GRC.
Les choses ont changé depuis ce temps-là, mais pouvez-vous me parler des difficultés que vous avez éprouvées à devenir policier et à gravir les échelons en tant que membre d'une minorité visible?

Le fait d'être issu de la diversité, je suppose. Je ne m'en faisais pas. Mes parents m'avaient appris à ne pas me laisser imposer cette étiquette, mais à en être conscient.

J'en ai même tiré profit. Quand j'ai été affecté à la communauté autochtone de Tsay Keh Dene, la couleur de ma peau m'a ouvert des portes, m'a aidé à briser la glace avec certains des aînés et m'a permis d'être un modèle auquel pouvaient s'identifier les membres de la communauté qui souhaitaient entrer à la Gendarmerie.

Est-ce que les compétences que vous avez acquises comme footballeur vous ont été utiles dans votre travail de policier?
Le football est un sport très exigeant sur le plan physique, qui peut aussi être stressant par moments. Je crois que la discipline que j'ai acquise grâce au jeu et à l'encadrement de différents entraîneurs m'a aidé dans mes fonctions policières. Le sport m'a aussi permis de développer mon souci du détail et de maintenir ma santé tant physique que mentale.
Pouvez-vous me raconter quelques moments forts de votre carrière à la GRC?

Quand je suis devenu agent de la GRC à temps plein, j'ai été choisi pour faire partie d'une équipe antidrogue au Détachement de Stony Plain. Nous étions quatre : trois hommes et une femme, tous avec un bagage différent. C'était un groupe formidable qui voulait changer les choses dans le comté de Parkland.

Nous avons retroussé nos manches, saisi beaucoup de drogue et apporté bien des améliorations. Nous avions du plaisir ensemble, mais nous trimions dur.

Un autre moment fort a été celui où j'ai obtenu des billets pour un match de la LCF en tant qu'ancien joueur des Roughriders de la Saskatchewan. Comme j'étais à la Division Dépôt à l'époque, j'ai invité 23 de mes camarades de troupe et formateurs à partager cette occasion mémorable avec moi. J'ai aussi pu soutenir les opérations policières lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver. Ces deux situations m'ont donné le sentiment de boucler la boucle.

Que diriez-vous à quelqu'un qui songe à faire carrière dans le milieu policier?

Si vous cherchez un travail varié et que vous êtes ouvert à une vie à la fois trépidante et enrichissante, c'est peut-être le métier qui vous convient. Je crois fermement que ce n'est pas un simple emploi, mais une vocation.

Si vous êtes animé du désir d'aider les autres et de résoudre des problèmes, le travail policier sera une expérience des plus révélatrices pour vous. Il vous fera tantôt rire, tantôt pleurer, mais au bout du compte, il vous offrira une occasion extraordinaire de vous épanouir de diverses façons. Si vous envisagez d'entrer à la Gendarmerie, allez-y la tête haute et les yeux grands ouverts, dans la volonté de servir.

Version audio : Judson Mayes

Transcription - version audio : Judson Mayes

Judson Mayes : En fait, c'était le 1er avril que j'ai reçu un appel me disant que j'avais été accepté. J'ai pensé immédiatement que quelqu'un me faisait une blague. Mais non, c'était vrai, je partais pour Dépôt.

Narrateur : Bien avant de répondre à l'appel qui a lancé sa carrière à la GRC, Judson Mayes était un athlète canadien accompli. C'était le 18 mai 1980. M. Mayes venait de terminer ses études à l'Université d'État de Boise. Il était dans le premier segment d'un trajet de 13 heures vers le nord, de Boise (Idaho) à Calgary (Alberta). M. Mayes était en route pour signer un contrat avec les Stampeders de Calgary de la Ligue canadienne de football (LCF). C'est à ce moment que le volcan est entré en éruption. Il s'agit du mont Saint Helens, situé à un peu plus de 400 km au sud de la frontière canadienne. M. Mayes a regardé le ciel se remplir de fumée et la circulation ralentir sur l'autoroute. Il s'est arrêté à une aire de repos pour passer un coup de fil.

Judson Mayes : Je me souviens d'avoir appelé Calgary et d'avoir dit aux entraîneurs que je ne pourrais pas venir à l'heure prévue. Mais de me donnez quelques jours pour revenir.

Narrateur : Judson Mayes a grandi à Edmonton, en Alberta. Très jeune, il réussit dans tous les domaines sportifs, mais ce n'est qu'à l'école secondaire qu'il découvre son véritable talent en qualité de coureur. Après une longue journée passée à participer à une compétition d'athlétisme au secondaire, M. Mayes, âgé de 16 ans, est rentré chez lui avec ses chaussures de course à la main. Il est rapidement repéré par l'équipe d'athlétisme du Club Olympique d'Edmonton.

Judson Mayes : On s'entrainait quatre soirs par semaine et, en tant que jeune adulte, ça démontrait un certain dévouement d'aller à l'entraînement si souvent et de voir des résultats.

Narrateur : M. Mayes a passé ses études secondaires à parcourir le Canada pour participer à des compétitions d'athlétisme et se faire un nom en tant que jeune athlète.

Judson Mayes : Deux universités m'ont approché, soit Idaho University, située à Pocatello, et Boise University, dans l'Idaho. Après l'école secondaire, j'ai choisi d'aller à Boise state.

Narrateur : Il a étudié à l'Université d'État de Boise grâce à une bourse d'athlétisme, où il a connu du succès et s'est fait connaître en tant que champion canadien. Un après-midi, lors d'un entraînement régulier sur piste, il a été distrait par l'équipe de football. Les équipes d'athlétisme et de football s'entraînaient l'une à côté de l'autre tout au long de la saison d'entraînement. Il s'est demandé ce que ce serait de faire partie de leurs séances d'entraînement. Il a joué un peu au football à l'école secondaire, mais n'a jamais pu s'y consacrer pleinement à cause de l'athlétisme.

Judson Mayes : Je me suis dit que j'allais essayer d'entrer dans l'équipe de football de Boise University. Grâce à ma vitesse, j'ai pu me débrouiller et j'ai réussi. Je me suis fait recruter.

Narrateur : Après avoir essayé plusieurs postes, M. Mayes a trouvé sa place en tant que demi-défensif. Ce sont les membres les plus rapides de l'unité défensive, responsables de la prévention des passes longues qui se déroulent en aval des secondeurs. La vitesse de M. Mayes fait de lui un atout. Il n'a pas fallu longtemps pour que quelqu'un le remarque.

Judson Mayes : En 1980, j'ai été recruté par les Stampeders de Calgary.

Narrateur : Ses performances à l'Université d'État de Boise lui ont valu un contrat dans la LCF et lui ont donné l'occasion de revenir dans sa province natale de l'Alberta. Son passage chez les Stampeders a été de courte durée. M. Mayes n'a participé qu'à quelques matchs de présaison avant de recevoir un appel lui annonçant qu'il avait été transféré aux Roughriders de la Saskatchewan. Au cours de sa carrière de trois ans dans la LCF, M. Mayes a joué pour les Stampeders, les Roughriders et les Lions de la Colombie-Britannique. Enfin, il a décidé de fonder une famille et de retourner à Edmonton avec son épouse. Peu de temps après avoir déménagé, il a rencontré une personne qui allait changer la trajectoire de sa carrière.

Judson Mayes : Je lui ai demandé ce qu'il faisait comme travail. Il m'a répondu qu'il travaillait pour le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral… C'est une grosse, grosse machine. Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire par là. Il m'a pris à part et m'a dit qu'il était agent de la GRC. J'ai dit que c'était quelque chose qui m'avait toujours intéressé. Même que dans l'album souvenir de mon école secondaire, il est écrit que je voulais devenir agent de police de la ville d'Edmonton, mais ça s'est jamais concrétisé.

Narrateur : M. Mayes n'a pas pu devenir agent de la GRC parce qu'il avait besoin d'une chirurgie oculaire corrective. Il a alors décidé de devenir agent auxiliaire de la GRC à Spruce Grove, en Alberta. Les agents auxiliaires ne sont pas armés et n'ont pas de grade au sein de la Gendarmerie. Il s'est d'abord adressé au détachement plus important de Stony Plain, mais ses efforts n'ont pas été fructueux. À l'époque, on a informé M. Mayes qu'il y avait des postes désignés pour les minorités visibles et qu'ils étaient tous pourvus. Au cours des huit années suivantes, M. Mayes a travaillé comme agent auxiliaire à Spruce Grove. Même s'il était satisfait de son travail, il rêvait toujours de devenir agent de la GRC. Finalement, il a subi la chirurgie oculaire corrective et a pu poser sa candidature à la Division Dépôt.

Judson Mayes : Je me suis dit que c'était quelque chose que je voulais faire. Je commençais à prendre de l'âge, mais j'avais encore ce désir-là. J'ai donc posé ma candidature pour faire partie de la police montée. Et en 2000, j'ai eu la chance d'être sélectionné.

Narrateur : M. Mayes a terminé sa formation le 5 septembre 2000 et a été choisi comme guide de droite pour sa troupe, un poste d'honneur selon lequel il devait assurer la liaison entre la troupe et les formateurs.

Judson Mayes : On était 23 cadets au début de la formation et 23 à la fin de la formation. C'était une expérience incroyable que je n'oublierai jamais. Je peux honnêtement dire que la discipline et la rigueur de l'athlétisme m'ont aidé à devenir policier a la GRC. C'est une carrière que j'ai beaucoup appréciée et aimée. J'ai toujours un très grand respect pour le travail des membres de la GRC. « It's a different game now » c'est un jeu totalement différent maintenant.

Narrateur : Des agents de la GRC portent la Coupe Grey sur le terrain lors des matchs de championnat, selon une tradition qui remonte à de nombreuses années. M. Mayes a été chargé de transporter la coupe avec une collègue policière, le 24 novembre 2002. Il s'agissait du 90e match de championnat de la Coupe Grey, où les Eskimos d'Edmonton affrontaient les Alouettes de Montréal. Lors de la cérémonie d'ouverture, M. Mayes se tenait fièrement debout, la Coupe Grey dans les bras. Il portait la coupe du championnat dans sa ville natale d'Edmonton, en Alberta.

Judson Mayes : C'était un grand honneur pour moi d'être en tenue de cérémonie et de porter la coupe. C'était un honneur pour moi, car j'ai des liens étroits avec la LCF et le football. Avoir la chance de porter la coupe a été un fait saillant de ma carrière de policier, sans aucun doute.

Narrateur  : M. Mayes a occupé divers postes tout au long de sa carrière à la GRC. Il a notamment été promu à l'été 2012 au poste le plus isolé de la Colombie-Britannique, celui de Tsay Keh Dene. Il y est devenu commandant de détachement. Le caporal Judson Mayes, commandant de détachement, a fièrement pris sa retraite de la GRC en 2016...mais chérit toujours ses souvenirs, tant sur le terrain que dans la Gendarmerie.

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