Le drame du vol 111 de la Swissair : une enquête fondée sur la collaboration
29 août 2024
Contenu
Mise en garde : incident tragique
La tragédie du vol 111 de la Swissair a mobilisé les ressources humaines, techniques et opérationnelles de la GRC comme jamais auparavant. L'enquête, complexe, a exigé une ferme volonté de collaboration et de coordination entre plusieurs organisations.
Le vol 111 a quitté New York le 2 septembre 1998 pour ce qui devait être un trajet sans histoire vers Genève. Moins d'une heure après le décollage, l'équipe a senti une odeur étrange dans le poste de pilotage et aperçu de la fumée. On pensait qu'il s'agissait d'une défaillance du conditionneur d'air.
Sans se douter qu'un incendie se propageait au-dessus du plafond, l'équipage a décidé de rediriger l'avion vers l'aéroport international d'Halifax, puis a déclaré l'état d'urgence suivant la défaillance de plusieurs systèmes. Une minute plus tard, les contacts radio et radar étaient rompus et la boîte noire avait cessé de fonctionner.
À 22 h 1, l'avion s'est écrasé dans l'Atlantique, à huit kilomètres de Peggy's Cove (Nouvelle-Écosse). Aucune des 229 personnes à bord n'a survécu.
Opération de récupération
Ce qui a débuté dans la nuit par une mission de recherche et de sauvetage s'est vite transformé en une opération de récupération longue et ardue.
Lorsque les membres du Bureau de la sécurité des transports (BST) du Canada sont arrivés le lendemain, une équipe et un système de soutien opérationnel organisés étaient déjà en place. Trois enquêteurs de la direction générale de la GRC sont arrivés plus tôt dans la journée, prêts à fournir des conseils grâce à l'expérience acquise dans l'enquête sur la tragédie d'Air India.
À bord du NCSM Preserver de la Marine canadienne, le surintendant Stan Ferguson de la GRC était chargé d'assurer la continuité des preuves recueillies sur les lieux de l'écrasement. La Garde côtière canadienne, la marine des États-Unis et une flotte de petits bateaux ont prêté main-forte pour récupérer tout ce qu'on pouvait.
Le Preserver a servi de point de rassemblement des débris et des restes humains, qui ont été catalogués et expédiés à deux hangars à la base Shearwater des Forces canadiennes.
Le gendarme Jim Passmore de la GRC a travaillé avec les Forces canadiennes et le BST pour coordonner les opérations de plongée. Une fois arrivés les plongeurs de la marine, de l'armée et de la réserve avec le matériel adapté aux eaux profondes, les plongeurs de la GRC ont pu se consacrer à l'enquête et au maintien de l'intégrité de la preuve.
Esprit de collaboration essentiel
Deux jours seulement après l'écrasement, l'opération de récupération se déroulait rondement. L'officier responsable des Enquêtes criminelles de la GRC en Nouvelle-Écosse, le surintendant principal Steve Duncan, attribue cette efficacité au fait d'avoir des gens compétents au bon endroit.
« Malgré les mandats et les modes opérationnels propres à chaque organisation, nous avons su demeurer autonomes, précise t il, ce qui a favorisé une harmonie tout au long de l'enquête. » Par exemple, une des phases de la récupération comprenait le recours à un chaland doté de plus de 100 agents de la GRC. Ceux ci étaient répartis en équipes épaulées par des membres des Forces canadiennes, de la Garde côtière, du BST et des pompiers locaux ainsi que par les employés civils de divers ministères.
Une opération d'envergure complexe
L'opération a nécessité le recours à une grue montée sur un navire d'exploration pour récupérer les débris des fonds marins afin de les déposer délicatement sur le pont d'un chaland - un bateau à fond plat pour le transport de marchandises - ancré à proximité.
On estime à 2 millions le nombre de débris récupérés et inspectés à la main avec un soin méticuleux par les agents de la GRC. Ceux ci étaient à la recherche de restes humains, d'effets personnels et de valeur issus de la soute de l'avion. Le tout a été transporté à la base Shearwater pour être inspecté par plus de 350 enquêteurs d'organisations diverses : le BST du Canada, le United States National Transportation Safety Board, la United States Federal Aviation Administration, le Bureau d'enquêtes sur les accidents d'aviation de la Suisse, Pratt & Whitney, l'Air Line Pilots Association et Swissair.
La plus grande part de l'aéronef a été récupérée et presque toutes les victimes ont pu être identifiées dans les 10 semaines suivant l'écrasement. Des spécialistes de la preuve génétique des laboratoires judiciaires de la GRC ont pu identifier plus de 100 victimes à partir d'effets personnels et d'échantillons de sang. Selon le gendarme Passmore, l'efficacité de l'opération est directement attribuable à l'excellente collaboration entre les différents organismes.
Note de la rédaction : Cet article est largement inspiré d'un numéro spécial publié en avril 1999 dans le Pony Express, la revue interne de la GRC.